Taisiia Cherkasova
[FR]
Née en 1991 à Dnipro (Ukraine), Taisiia Cherkasova vit et travaille à Paris.
« À travers ses productions mêlant peinture, céramique et textile, l’artiste cherche à traduire des sentiments et des souvenirs propres à son histoire et à ses origines. Peinte avec la distance que permet l’aérographe, son œuvre est floue car son intention réside dans la capture brumeuse d’un moment, déjà à moitié effacé. Elle permet de décoder une partie du travail de Taisiia Cherkasova, par son message mais aussi par son existence physique qui est le résultat de deux gestes simultanés : l’un radical, à travers la découpe et le travail du contour, et l’autre pudique et évocateur de l’application de matière.
L’artiste n’est jamais uniquement dans la toile mais dans l’objet. Son action de décadrage contribue à la fois à accentuer la fatalité des souvenirs qu’on ne pourra jamais entièrement restituer et à leur redonner une épaisseur et une matérialité. Elle parvient également grâce à cette déconstruction à hybrider les styles et à rendre ainsi chaque pièce unique et profondément expérimentale.
La tendresse de Cherkasova est bien présente mais elle opère en terre aride. Le traitement gratuit, non filtré, non analytique qu’elle fait de la violence choque et envahit les es- prits de celles et ceux qui découvrent son oeuvre, aux dépends des multiples autres facettes de son travail. Ce choc qu’elle provoque est précisément là où réside l’enjeu de son œuvre : elle ne cherche pas à opérer un contrôle ou un jugement moral sur la réalité et nous pousse ainsi à décentrer nos regards. Chienne, elle démontre que le lâcher-prise et la sauvagerie ne sont pas à craindre, au contraire. Ils sont une nouvelle forme, furieuse, de salvation. Une manière d’être ‘still a life’. » Justine Daquin
[EN]
Born in 1991 in Dnipro (Ukraine), Taisiia Cherkasova lives and works in Paris.
« Through her productions blending painting, ceramics, and textiles, the artist seeks to translate feelings and memories unique to her history and origins. Painted with the de- tachment afforded by the airbrush, her work is blurry because her intention lies in the misty capture of a moment, already halfway erased. It helps decode a portion of Taisiia Cherkasova’s work, both through its message and its physical existence, which is the result of two simultaneous gestures: one radical, through cutting and contour work, and the other modest and evocative through the application of material.
The artist is never solely in the canvas but in the object. Her action of decentering contributes both to accentuating the inevitability of memories that can never be fully restored and to giving them thickness and materiality. Through this deconstruction, she also manages to hybridize styles, thus rendering each piece unique and profoundly experimental. Cherkasova’s tenderness is indeed present, but it operates in arid soil. The gratuitous, unfiltered, non-analytical treatment she gives to violence shocks and invades the minds of those who discover her work, at the expense of the many other facets of her work.
This shock she provokes is precisely where the challenge of her work lies: she does not seek to exert control or moral judgment on reality, thus pushing us to shift our perspec- tives. Boldly, she demonstrates that letting go and savagery are not to be feared; on the contrary, they represent a new, furious form of salvation. A way of being ‘still a life’. » Justine Daquin