Villa Santo sospir

 

Du 26 août au 28 octobre 2017

Artistes : Clara Champsaur, Coraline de Chiara, Alexandre Benjamin Navet, Pauline Sarrus,

Sur une proposition d'Emmanuelle Oddo

 

"Picasso a ouvert et fermé toutes les portes, restait de peindre sur les portes, c'est ce que j'ai essayé de faire. Mais les portes donnent dans les chambres, les chambres ont des murs, et si les portes sont peintes les murs ont l'air vides..." Jean Cocteau

À l’occasion de la 5ème édition de Paréidolie, et de la Saison du Dessin Contemporain, Double V Gallery invite sous le commissariat d’Emmanuelle Oddo une nouvelle génération d’artistes à rendre hommage à l’œuvre de Jean Cocteau sur la Côte d’Azur à travers différents mediums : peintures, dessins, céramiques, mais aussi fresques et sérigraphies.
Intitulée « Villa Santo Sospir », l’exposition entend restituer le contexte artistique extraordinairement fertile de la French Riviera d’après-guerre, où le poète a fécondé une grande part de son œuvre écrite, plastique et filmée, aux côtés notamment de Pablo Picasso et d’Henri Matisse.
Loin du désir d’imiter Cocteau, l’idée est davantage de s’imprégner de l’esprit créatif qui a habité cette Villa - et d’autres lieux de la région décorés par l’artiste, à l’instar de la Chapelle Saint Pierre des Pêcheurs, à Villefranche - et de réactualiser cette empreinte.

Ainsi, les œuvres de Coraline de Chiara dépeignent, telles une collection de cartes postales, un Arc bleu qui respire douceur et gaieté, où "tout est blond, de lumière et de miel" (Jean Marais). On y devine tantôt le faste de cette intelligentsia de l’époque, tantôt l’adoration des éléments, sous le soleil plombant. C’était le temps d'avant les autoroutes et le béton. Chaque été fleurissait, sur ces terres peuplées de pins et de citronniers, l’élite parisienne venue ensoleiller ses mondanités dans un archipel de somptueuses villas.

Dès l’age de 20 ans, Jean Cocteau est de la partie, enjambant la France à la belle saison pour se retrouver en tête à tête avec la Méditerranée, « son cobalt, ses saphirs, ses turquoises ».
On le suit à Sète, Montpellier, Aix, Marseille et les Baux-de-Provence, Saint-Tropez. A la Villa Noailles (Hyères), à la Villa Blanche aux portes de Toulon ou encore au Centre méditerranéen du Cap-d'Ail, décoré par ses soins…
Au Printemps 1950, son amie Francine Weisweiller invite l’artiste à venir passer une petite semaine de vacances dans sa maison de St Jean Cap Ferrat, où il vivra finalement de manière quasi-permanente jusqu’en 1962. Quelques jours après son arrivée, Jean Cocteau dira : « l’oisiveté me fatigue, je m’y dessèche…. ». C'est Matisse qui l'incitera d'abord à peindre les murs de la villa Santo Sospir. Le poète entreprend alors de dessiner au fusain la tête d’Apollon au-dessus de la cheminée du salon. De fil en aiguille, il emplit tous les murs, tous les plafonds.

C’est avec ce geste cher à Cocteau qu’Alexandre Benjamin Navet renoue : celui de « tatouer » les villas, les chapelles, non seulement pour les décorer et asseoir la suprématie de l’acte graphique, mais aussi pour résister au temps et ancrer son oeuvre dans un fossé d’éternité.
"Picasso, Matisse, Chagall, moi-même, sur cette côte où vivait Renoir, nous avons essayé de vaincre l'esprit de destruction qui domine l'époque, nous avons orné des surfaces que les hommes rêvent de démolir. Peut-être, que l'amour de notre travail les protégera contre les bombes".

L’iconographie de ces nombreuses fresques et mosaïques, tout comme ses poésies graphiques, dit la passion de l’artiste pour la mythologie, pour le jazz - symbolisé par la harpe - et dessine une cosmogonie douce, inspirée par la Grèce et le sud, où pêcheurs à bonnets et porteuses de cruches se côtoient au milieu des figuiers de barbaries, dans un entrelacs gracieux de lignes à peine colorées.
Un vocabulaire de formes que Pauline Sarrus cherche à relire à travers le fer forgé, en collectant et recomposant des fragments de volutes, de courbes, de lignes, développant ainsi un jeu de correspondance formelle entre les dessins du Prince Frivole et les grilles de fer forgé des villas de l’époque.

La jeune Clara Champsaur suggère quant à elle ces symboles en relief, jouant avec la surface de ses tirages argentiques pour déconstruire l’image et la guider vers une autre narration: celle du souvenir d’un Cocteau pluriel et insaisissable, dont la manifestation vaporeuse, à la limite de l’abstraction, nous rappelle que ce touche-à-tout de génie aimait ne jamais se fixer, et renaitre à chacune de ses œuvres dans une liberté absolue.

 

 

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